Les archives du Dr Regaud 1914-1918


La correspondance personnelle du Dr Regaud.

Lettre de Marie Curie à Claudius Regaud, 31 octobre 1917

1917: Marie Curie et Claudius Regaud viennent de passer 3 années de guerre au plus près des blessés.
De cette expérience, ils prennent pleinement conscience qu’il leur faut se mobiliser pour que les découvertes scientifiques
qui peuvent être appliquées au champ médical soient développées et structurées.
Dans cette lettre de 1917, Marie Curie émet pour la première fois le souhait de créer un centre de «radiumthérapie» qui devra soigner les malades du cancer. C’est bien naturellement qu’elle consulte son collègue Claudius Regaud, co-directeur de l’Institut du radium et médecin, contrairement à elle.
Ce document fondateur, (re)-découvert récemment, nous éclaire sur la création de ce centre de «radiumthérapie», qui deviendra plus tard la Fondation Curie.

Lettre de Marie Regaud à Claudius, 16 octobre 1914

Les temps de guerre étaient des périodes d’écriture : on estime que 4 millions de lettres étaient traitées chaque jour par le bureau central militaire à Paris pendant la Première Guerre mondiale. Les lettres de la famille Regaud sont également passées par ce Bureau Central. Marie Regaud écrivait à son époux plusieurs fois par semaine, pour donner des nouvelles des enfants, de la famille, des proches, mais aussi pour lui donner des nouvelles du laboratoire de l’Institut du radium, demander des conseils sur comment tenir les finances du ménage, etc.
La lecture de cette correspondance nous plonge dans l’intimité du couple, qui comme des millions de français de l’époque, n’avait que ces quelques lignes quotidiennes pour maintenir les liens familiaux.

Transcription de la lettre :

"Mon petit chat adoré, Je ne veux pas attendre plus longtemps de te remercier de ta bonne et grande lettre et de ta carte-lettre. Malheureusement, je crains bien aujourd'hui, que mes pensées et mon style soient décousus, car nos deux fills jouent ensemble à côté de moi, et les deux garçons qui sont dans le hangar m'obligent souvent à me déranger..."

Les archives photographiques du Dr Regaud

Une centaine de photographies datées de la Grande Guerre ayant appartenu à Claudius Regaud offre un témoignage direct de la vie dans les hôpitaux militaires de campagne. De nombreux portraits de ses collaborateurs permettent de mettre des visages sur ces personnages cités dans l’ensemble de la correspondance et des archives du médecin lyonnais.

En août 1914, Claudius Regaud est envoyé à l’hôpital militaire de Gérardmer dans les Vosges. Il apparait ici au centre, assis au cechet d'un blessé, il est là seul à ne pas regarder le photographe. Il y prend les fonctions de médecin-chef de l’hôpital d’évacuation et ses compétences d’organisation et de gestion sont rapidement remarquées par sa hiérarchie.

Le 10 février 1915 à Gérardmer, il reçoit la croix de la légion d’honneur des mains du Président de la République française Raymond Poincaré.
« Homme d’élite et médecin au dévouement absolu, a puissamment contribué à sauver la vie de nombreux blessés en organisant, avec un esprit d’initiative digne d’éloges, un service d’hospitalisation et d’évacuation, malgré les difficultés exceptionnelles occasionnées par la grande influence des blessés et la proximité de la ligne de feu ».

Plus tard dans le conflit, Claudius Regaud dirigera un autre hôpital de campagne, à Bouleuse. Grâce à lui, cet établissement sera considéré comme un modèle « avec pavillons en bois pour malades, salles spacieuses, services de chirurgie annexés aux salles d’opération chauffés par radiateurs, laboratoires de chimie, histologie et radiologie destinés aux urgences ».

En haut de gauche à droite : Claudius Regaud, les chirurgiens René Leriche et Jean-Louis Roux-Berger.
En bas de gauche à droite : les chefs de laboratoire Joseph Magrou et Albert Policard, le radiologiste Thomas Nogier.

Beaucoup d'entre eux viendront plus tard, à sa demande, travailler avec lui, à l’Institut du radium ou à la Fondation Curie.