Irène Joliot-Curie, Secrétaire d'État à la Recherche scientifique : Un passage bref mais déterminant au gouvernement


En juin 1936, Léon Blum constitue un nouveau gouvernement et nomme trois femmes au poste de sous-secrétaire d’État alors même que celles-ci ne sont ni électrices ni éligibles. Parmi ces femmes se trouve la nouvelle sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique :
Irène Joliot-Curie.

© Musée Curie (coll. ACJC)

Irène Joliot-Curie, Secrétaire d'État à la Recherche scientifique, Juin 1936

En juin 1936, un mois après la victoire électorale du Front Populaire, Léon Blum constitue le nouveau gouvernement. Présenté lors de la cérémonie de passation des pouvoirs à l’Élysée, ce gouvernement se distingue par la nomination de trois femmes aux postes de sous-secrétaires d’État alors même que celles-ci ne sont ni électrices ni éligibles. Parmi ces trois femmes se trouve l’institutrice et militante socialiste Suzanne Lacore nommée à la Protection de l’enfance, la radicale Cécile Brunschvicg à l'Éducation nationale et enfin Irène Joliot-Curie à la Recherche scientifique.

Après avoir assisté sa mère pendant la Première Guerre mondiale, Irène Joliot-Curie, fille de Marie et Pierre Curie, achève ses licences de physique et de mathématiques. Nommée préparatrice à l'Institut du radium auprès de sa mère, elle soutient sa thèse de doctorat sur les propriétés des rayonnements alpha du polonium en 1925. En 1935, elle reçoit avec son mari Frédéric Joliot-Curie le prix Nobel de chimie pour leurs travaux sur la radioactivité artificielle. L’année suivante, alors qu’elle poursuit ses travaux visant à identifier de nouveaux radioéléments, la physicienne accepte sa nomination en qualité de sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique à condition de pouvoir retourner prochainement à ses travaux de recherche.

La photographie d’Irène Joliot-Curie réalisée en juin 1936 donne à voir la physicienne récemment nommée sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique marchant d’un pas pressé et déterminé. Le flou de la silhouette humaine, et notamment de ses jambes, atteste du mouvement dynamique de la scientifique. La composition pyramidale dans lequel est prise la figure humaine renforce ce caractère entreprenant et énergique. Ce dynamisme contraste avec le statisme frontal de l’arrière-plan dans lequel se trouvent des hommes immobiles à l’attitude hiératique. Ne se souciant pas du photographe, le regard de la physicienne se porte sur un point hors-champ. Quelque chose de spontané se dégage de la photographie. Il ne s’agit pas d’une photographie officielle et posée mais davantage d’une photographie prise à la volée. Ce cliché authentique, sans artifice, témoigne du caractère résolu et téméraire de la nouvelle sous-secrétaire d’État à la recherche. Bien que celle-ci démissionnera de ses fonctions le 28 décembre 1936, Irène Joliot-Curie continuera de participer activement au soutien de la cause féminine et à la promotion de la recherche scientifique.

Texte de Constance Théodore
en collaboration avec le Musée Curie
et Ecole du Louvre Junior Conseil