Marie Curie dirige le laboratoire Curie de l’Institut du radium de 1914 à 1934. En quelques années, elle fait de ce laboratoire l’un des centres de recherches les plus importants au monde pour l’étude de la radioactivité. Une quarantaine de personnes y travaille dans les années 1930 : scientifiques, étudiants, techniciens et personnel administratif. Le laboratoire compte un quart de femmes, parmi elles sa fille, Irène Joliot-Curie, sa plus proche collaboratrice. Les chercheurs viennent du monde entier pour des séjours qui vont de quelques mois, le temps d’apprendre les techniques modernes de radiochimie et de mesure d’activité, à plusieurs années, pour préparer une thèse de doctorat. Celle qu’on appelle « la patronne » travaille dans une pièce, attenante à son laboratoire de chimie personnel. Assise à son bureau de chêne, elle prépare son cours pour la Faculté des sciences, écrit des rapports de thèse, des courriers à l’Université, des lettres aux industriels et aux fondations philanthropiques pour obtenir des subventions, établit la comptabilité, commande des fleurs en Hollande… Malgré le temps considérable qu’elle consacre à la gestion de son laboratoire, elle poursuit, seule ou en collaboration, des expériences scientifiques et elle est parfois invitée par des collègues étrangers pour donner des cycles de conférences ou assister à un congrès. Les hautes fenêtres de son bureau s’ouvrent sur un jardin, un lieu cher à Marie Curie et aux collaborateurs de l’Institut du radium. Aujourd'hui encore, les pots de célébration de thèse et les réunions y sont improvisés aux beaux jours. Médécins et chercheurs s'y croisent de façon informelle.