Marie Curie faisant la une de l’Illustration pour son cours inaugural à la Sorbonne : un accès privilégié à l’évènement par l’image
En 1906, Marie Curie prend la direction du laboratoire de physique générale de Pierre Curie et est nommée deux ans plus tard professeur à la chaire de physique de la Sorbonne. De nombreux journalistes assistent à la leçon inaugurale de la scientifique dont l’hebdomadaire L'Illustration, qui consacre sa une illustrée du 10 novembre 1906 à l’événement.
En 1906, Marie Curie prend la direction du laboratoire de physique générale de Pierre Curie et est nommée deux ans plus tard professeur à la chaire de physique de la Sorbonne. De nombreux journalistes assistent à la leçon inaugurale de la scientifique dont l’hebdomadaire L'Illustration, qui consacre sa une illustrée du 10 novembre 1906 à l’événement.
Suite au décès de Pierre Curie le 19 avril 1906, Marie Curie prend la direction du laboratoire de physique générale de Pierre Curie. Deux ans plus tard, en 1908, la scientifique deviendra la première femme professeur titulaire d’une chaire en Sorbonne. C’est dans un climat quasiment mondain que le 5 novembre 1906 Marie Curie débute sa leçon dans l’amphithéâtre de physique de la Sorbonne par l’introduction de leurs recherches sur la radioactivité dite « naturelle ». Sous les applaudissements d’un auditoire à la composition hétéroclite, se côtoie des étudiants et des professeurs ainsi que de nombreux journalistes. L’hebdomadaire francais L'Illustration consacrera sa une illustrée du 10 novembre 1906 à l’événement.
L’Illustration est un magazine d’un genre nouveau. Pionnier dans la photographie de reportage, l'hebdomadaire a pour ambition éditoriale d’offrir au lecteur un accès privilégié à l’évènement par l’image. Ce dessein s’observe dans la une consacrée à la leçon inaugurale de Marie Curie.
L’illustration occupe la majeure partie de la première de couverture. Aucun titre ou corps de texte n’informe le lecteur du sujet de l’illustration. Néanmoins, tout semble mis en œuvre pour que le spectateur puisse identifier aisément la scène. L’hebdomadaire suggère le sujet en empruntant des formules iconographiques et des types physiques assimilables par le grand public. À ce titre, Marie Curie semble quelque peu caricaturale. Le profil pâle de la scientifique se détache sur un fond neutre. Cette mise en scène est semblable aux portraits photographiques de la scientifique diffusés par ailleurs dans la presse. Ce profil célèbre est donc largement identifiable par le grand public. Tout suggère également que la physicienne donne une leçon. Les mains jointes, Marie Curie adopte une posture caractéristique de l’orateur. Face à elle, deux personnages anonymes représentent le public hétéroclite qui composait alors la salle. Un homme à lunettes avec une longue barbe adopte une position de penseur : cette attitude renvoie à la figure du professeur. À côté de cet homme se trouve une femme distinguée portant une large coiffe qui se fait davantage l’écho du public mondain présent dans la salle. En dépit du caractère résolument mondain du cours liminaire de la physicienne, Marie Curie est donnée à voir comme une femme “modeste” et “simple” captivant un auditoire composite. C’est ce que décrit l’article de L’Illustration qui conclut : « Son cours terminé, et après avoir donné une vision de la petite lueur bleue du radium, madame Curie se retira comme elle était apparue, modeste et simple, insensible aux applaudissements et aux ovations de son auditoire ».
Marie Curie faisant la une de "l'Illustration" pour son cours inaugural à la Sorbonne, 10 novembre 1906.
Texte de Constance Théodore
en collaboration avec le Musée Curie
et Ecole du Louvre Junior Conseil