Quand la recherche et la prévention contre le cancer s'affichent


Si la Fondation Curie et le laboratoire Pasteur poursuivent simultanément la triple vocation de la recherche, de l’enseignement et du traitement du cancer, des associations d’utilité publique, telle que la Ligue contre le cancer, vont poursuivre ces efforts en dehors du laboratoire en informant la population sur cette pathologie.

© Ligue contre le cancer / Musée Curie

Affiche de la Ligue nationale française contre le cancer ”Vaincre le cancer” réalisée par André Wilquin, 1947

Après la Première Guerre mondiale, la lutte contre le cancer s’impose progressivement comme une préoccupation majeure. La prise en charge de cette pathologie s'organise par la création des centres de lutte contre le cancer. Après avoir été sous-secrétaire d’État à la Santé, Justin Godart fonde en 1918 la Ligue française contre le cancer. Cette association, reconnue d’utilité publique, émerge en parallèle de nouveaux traitements radiothérapiques dont les résultats sur certaines maladies semblent encourageants. Le laboratoire Curie, dirigé par Marie Curie, se consacre aux recherches en physique et chimie fondamentales autour de la radioactivité alors qu’en parallèle le laboratoire Pasteur, sous la direction de Claudius Regaud, se consacre à l’étude des effets biologiques et thérapeutiques de la radioactivité.

Si la Fondation Curie et le laboratoire Pasteur poursuivent simultanément la triple vocation de la recherche, de l’enseignement et du traitement du cancer, la Ligue contre le Cancer combat l’isolement et la stigmatisation des malades tout en informant la population sur cette pathologie.

La promotion de la Ligue contre le cancer pour la recherche et le dépistage du cancer se verra notamment relayée par des affiches de propagande anticancéreuse destinées à l’espace public et donc à l’instruction spontanée et efficace du plus grand nombre. L’affiche « Le cancer peut être guéri s'il est traité à son début » du dessinateur indépendant André Wilquin, diffusée entre 1947 et 1952, semble symptomatique de ce dessein. Le registre utilisé est essentiel car il est le vecteur sensible d’un message à faire circuler. Ainsi, le registre martial et républicain, incarné par une femme sculpturale, se fait l’évocation de la sérénité d’une science conquérante en mesure de lutter et de prévenir le cancer figuré par le crabe. Trois éléments beiges se détachent sur un fond bleu et rouille, évoquant le drapeau tricolore français. Ces éléments forment une trajectoire colorée qui conduit le regard du spectateur à une lecture formelle et symbolique de l’image. Tenant une épée de sa main gauche, l’idole républicaine pointe un constat tragique à affronter : « Le cancer tue en France 60.000 personnes par an ». De sa main droite, celle-ci tient un bouclier qui serait le pendant défensif de ce constat : « Le cancer peut être guéri s’il est traité à son début ».

Support publicitaire à visée informative et éducative, ces affiches supposent un dessin symbolique et un texte elliptique, simple mais néanmoins efficace, incitant à combattre le cancer dès ses premiers signes.

Texte de Constance Théodore
en collaboration avec le Musée Curie
et Ecole du Louvre Junior Conseil