Claudius Regaud, l’histologiste, à sa table de travail : un portrait d’une grande sensibilité conciliant le dessein humain et scientifique poursuivi par l'Institut du radium


Alors que Marie Curie poursuit ses recherches au laboratoire Curie de l’Institut du radium,
Claudius Regaud, le directeur du laboratoire Pasteur du même institut, étudie les effets biologiques de la radioactivité. Ce dessein scientifique et humain que poursuit l’institut du radium s’observe dans la photographie de Claudius Regaud (…) à sa table de travail.

© Musée Curie (coll. Regaud)

Claudius Regaud dans son laboratoire au pavillon Pasteur de l’Institut du radium, vers 1925

Agrégé de la Faculté de médecine de Lyon, Claudius Regaud est un histologiste spécialiste de la spermatogenèse. Dès 1906, le chercheur démontre l’extrême radiosensibilité des spermatogonies souches et met en évidence le fait que la chromatine, c’est-à-dire la substance présente dans le noyau cellulaire, serait la cible privilégiée des radiations. Alors qu’il entreprend dès 1911 ses premiers traitements par rayons X sur les malades du cancer, des premiers résultats encourageants l’amènent à être nommé par Émile Roux professeur à l’institut Pasteur en 1912. Claudius Regaud participe alors à la création d’un tout nouvel institut, dépendant de l’Institut Pasteur et de la Sorbonne : l’Institut du radium, dédié aux recherches autour de la radioactivité. Ce dernier se constitue de deux laboratoires indépendants mais complémentaires : le laboratoire Curie et le laboratoire Pasteur. Alors que Marie Curie dirige les recherches en physique et en chimie au laboratoire Curie de l’Institut du radium, Claudius Regaud, chargé de la direction du laboratoire Pasteur du même institut, s’attache à étudier les effets biologiques et physiologique de la radioactivité.

Le portrait du chercheur intitulé Claudius Regaud, l'histologiste, à sa table de travail dans le pavillon Pasteur de l'Institut du radium et réalisé vers 1930 semblerait être une photographie destinée au périodique scientifique Radiophysiologie et radiothérapie. Installé à sa table de travail, le chercheur a relevé la tête de son microscope. De trois-quarts, la tête tournée vers la fenêtre, Claudius Regaud adopte une expression rêveuse. Cette attitude donne à la photographie un caractère plutôt spontané. Moins posé et formel que certains portraits officiels, cette photographie invite à pénétrer intimement dans l’univers de l’histologiste. Cette impression générale est soulignée par une lumière douce et diffuse. Les tons gris moelleux créent une atmosphère sereine et légère contrevenant au stéréotype du laboratoire excessivement clinique et stérile. En dépit de son caractère prétendument spontané, force est de constater que le laboratoire semble être mis en scène. Alors que le regard, escorté par la diagonale formée par la table de travail, fuit à l’arrière-plan, nous pouvons observer que le laboratoire, et notamment les outils du chercheur, sont soumis à un ordre fortement géométrisant.

Ce portrait, d’une grande sensibilité, humanise le scientifique tout en représentant l’environnement consciencieux et formel dans lequel il évolue. Une telle représentation concilie ainsi le dessein scientifique et humain que poursuit Claudius Regaud.

Texte de Constance Théodore
en collaboration avec le Musée Curie
et Ecole du Louvre Junior Conseil