Portrait de Jean Perrin par C215


Pouvons-nous lier l’art et l’utile ? Dans cette exposition, l’artiste urbain C215 abolit toute querelle entre les domaines et les supports. Le street art allie ici à la fois l’art du portrait, avec une représentation de Jean Perrin, dans la continuité de celui d’Henri Becquerel, et l’utilitaire d’une porte en acier.

© Musée Curie

Portrait de Jean Perrin par C215 sur une armoire technique dans le jardin du Musée Curie, Paris, 5e arrdt.

Le caractère brut et brutal de la porte est ici embelli d’une fonction esthétique, scientifique et historique. En effet, l’artiste a su mêler l’art et la technique du pochoir et du portrait avec la technique industrielle de l’acier. Ainsi, l’art et l’utile se rencontrent, créant un mariage étonnant. Les portes et les boîtes aux lettres sont d’ailleurs des supports de prédilection de l’artiste. Ici, l’artiste nous présente le portrait en buste de Jean Perrin, professeur de chimie-physique à la Sorbonne, collaborateur des Curie. Représenté de trois-quarts, le regard fuyant, c’est ici une figure de prestige que nous propose l’artiste. Regardant au loin, ce dernier semble projeté vers l’avenir, vers les futures découvertes. Cet avenir qu’il regarde, c’est celui dans lequel nous nous situons, créant d’autant plus une proximité entre le spectateur qui déambule et découvre les portraits et la figure du passé, rêvant d’un avenir empli de découvertes scientifiques. Telle une évocation, ce portrait est d’autant plus mystique qu’il n’est pas situé au centre de la composition. Déporté sur le côté, ce sont donc les motifs géométriques qui occupent une grande partie de l'œuvre, accentuant cet effet d’abstraction. De plus, ce qui souligne également ce sentiment abstrait est cette multitude de motifs géométriques qui se dirigent vers le portrait, orientant le regard du spectateur vers ce dernier.

Texte de Chiara Ardinat
en collaboration avec le Musée Curie
et Ecole du Louvre Junior Conseil